Même si la plupart des bulletins reçus sur myspace sont promotionnels , certains valent le coup d'être lus. J'essairais donc de faire suivre les meilleurs sur le forum donc voila le premier mettant en avant une problématique grandissante dans le milieu culturel.
De : oust louba
Date : 18 juin 2007, 02:21
Sujet : culture, gros sous and co
Texte : Bonjour,
Pour bien commencer la semaine, un article que m'a transféré un collègue. J'y laisse son intro, parceque j'approuve.
Que rajouter ?
Que les artistes émergeants aimeraient être "jugés" sur des qualités artistiques et non commerciale ? Qu'il y ait un meilleur équilibre entre ce qui est proposé aux têtes d'affiches et aux groupes émergeants ? Que les collectivités territoriales fassent plus confiance aux acteurs de terrains ? Qu'elles ne rentrent pas dans le jeu du marketing politique en utilisant l'argent public et le support culturel ? A suivre...
laurent
Hola, un article paru dans le Monde qui reprend et approfondi le texte des Eurock. Si cet article fait froid dans le dos, il convient de se remémorer que les festivals de taille moyenne (moins de 10 000 spectateurs) sont une espèce en voie de disparition. A titre d'analyse à chaud alors que nous venons de boucler notre guide (Festoch,
http://www.plus2festival.com), on peut évaluer à plus de 10% d'événements en moins dans le Grand Sud, dont des dates phares comme le Jah Sound... Et comme les nouveaux venus se font plus que rares, force est de constater qu'une période difficile s'annonce où le public comme les artistes émergents seront les grand perdants. Diversité culturelle, projet artistique, développement durable, citoyenneté sont en train de devenir des mots taboues et le commerce de gros réservé autrefois à la variété, la norme du secteur.
bobie, militant, forcément militant
Les festivals de l'été confrontés à une triple difficulté
LE MONDE | 15.06.07 | 16h26 • Mis à jour le 15.06.07 | 16h26
Quelle abondance ! Voici l'été, voici les festivals, musiques populaires en tête. Les plus gros proposent une affiche qui, à première vue, s'apparente à une caravane d'artistes en transhumance de Glastonbury en Angleterre au Festival international de Benicassim (FIB) en Espagne, de Rock Werchter en Belgique au Paléo Festival de Nyon en Suisse ou aux Eurockéennes de Belfort en France. " Il est malheureusement presque impossible, dit Jean-Paul Roland, directeur des Eurockéennes - 90 000 spectateurs en 2006, forfait à 97,50 € les trois jours - d'obtenir une exclusivité, d'autant que, durant l'année, le nombre de concerts événementiels - Muse, Police, Daft Punk - a augmenté et exacerbé la concurrence."
Les immenses jauges de plein air ont permis de verser des cachets exorbitants à des rock-stars d'autant plus gourmandes que les ventes de disques sont en chute libre. Cela a donné une nouvelle vigueur à la pratique anglo-saxonne de la mise en concurrence - pas de prix de concert fixé, le plus offrant emporte la mise. Les 300 000 ou 500 000 euros réclamés par Depeche Mode ou Jamiroquaï en 2006, sans contrepartie d'exclusivité donc, n'ont pas baissé en 2007 - The Police s'est exclu de lui-même du circuit, en abordant le cap du million d'euros par concert. A plateau égal, les dépenses artistiques auraient ainsi augmenté de 20 à 30 % en trois ans.
L'arrivée dans les festivals européens des industriels du loisir a amplifié le phénomène de concentration. Créé en 1970 par un fermier qui voulait fêter le solstice d'été, le Festival de Glastonbury (150 000 tickets vendus en deux jours pour l'édition 2007, 125 livres le forfait) est passé en 2000 entre les mains de l'Irlandais Vince Power, "le parrain des macro-festivals", déjà propriétaire du Festival de Reading.
En 2006, sa société, Mean Finddler, a été rachetée par l'américain Clear Channel Entertainment, aussi acquéreur du FIB et de Rock Wechter. En France, le financement public de la culture exclut en principe de telles transactions - les Francofolies (3 millions d'euros de budget) ont été cependant acquises en 2005 par la société de production télévisuelle Morgane Productions.
"EN PERTE DE REPÈRES"
Son directeur, Gérard Pont, se dit protégé des cachets hors normes "pour être un festival francophone, où les artistes, hormis Polnareff, restent abordables". Mais l'onde de choc a atteint les festivals plus modestes. Partout, le public, "en perte de repères", suit les courbes d'un marché de masse, très concentré. "C'est le commerce de la tête d'affiche, commente Marie-Josée Justamond, directrice des Suds à Arles (700 000 € de budget), consacré aux musiques du monde. Les petits artistes souffrent." Les plus connus, de Caetono Veloso à Youssou N'dour, jouent l'inflation.
Autre danger, la profusion. Selon Gérard Pont, "la multiplication des festivals parfois en forme de fêtes de village est totalement déstabilisante". Dans l'Ouest, les Vieilles Charrues de Carhaix (Finistère) et les Francofolies de La Rochelle doivent ainsi affronter le Festival des terres-neuvas de Bobital, créé en 1998 dans un village des Côtes-d'Armor. En région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, l'offre, à la mi-juillet, est impressionnante : les Voix du Gaou à Six-Fours-les-Plages, Jazz à Antibes-Juan-les-Pins et, dans la même pinède, les Nuits de Juan-les-Pins, le Nice Jazz Festival, le Sporting Club de Monaco...
Or le réservoir de spectateurs, et leur pouvoir d'achat, a ses limites. Comment, dès lors, aller chercher du public payant, "qui permet de s'affranchir de la dépendance financière envers le subventionneur" ? demande Mohamed Banas, directeur du Furia Sound de Cergy-Pontoise, créé en 1997 (1,35 million d'euros de budget, financé à 30 % par les collectivités locales).
Mais le pire est ailleurs : dans la pratique exponentielle de la gratuité. "Une collectivité peut décider de donner 1 million d'euros pour créer son festival et mettre à mal en une seule année quinze ans de travail", affirme Michel Besset, directeur du Summer Festival, né il y a vingt-deux ans à Blaye-les-Mines, "dans un environnement difficile, près d'Albi, dans le bassin minier de Carmaux". Parce que ces pratiques habituent les spectateurs à ne rien débourser, qu'elles évacuent la question des recettes, elles correspondent à une "déréglementation totale du marché et à une surenchère permanente".
Ainsi, face aux Suds d'Arles, le conseil général du Gard propose des concerts musique du monde gratuits (en 2006, Tiken Jah Fakoli ; en 2007, Raul Paz, par exemple) pour une jauge de 12 000 spectateurs.
Ces festivals à entrée libre ont surgi sous la pression des nouveaux "alters" de la culture (utilisation citoyenne des deniers publics, loi de proximité), mais surtout sous l'effet d'une nouvelle logique de communication politique des collectivités locales. En exigeant un retour sur investissement immédiat en termes d'image, ces collectivités agissent "comme des sponsors privés, qui préfèrent garder la maîtrise des contenus et gérer leur marque, plutôt que de soutenir des projets artistiques", conclut un directeur de festival désabusé.
Véronique Mortaigne
Article paru dans l'édition du 16.06.07